AU REVOIR ET MERCI Merci pour ce grand verre, de

AU REVOIR ET MERCI

Merci pour ce grand verre, de délicat vin blanc,

En trinquant à la vie, on se sent bien moins seul,

Car il faut du sang froid, même d'un geste tremblant,

Pour enfiler vaincu, le funeste linceul.

Merci pour ce festin, il m'a rempli la panse,

Ce sera le dernier, avant qu'on me calcine,

Car bientôt je vais faire, ultime récompense,

Une cure de pissenlits, bouffés par la racine.

Merci pour ce sourire, ce placebo d'espoir,

Chimère dont on réserve, un impossible accueil,

Féerique lumière, dans cette chambre noire,

Capitonnée de soie, quel bien seyant cercueil.

Merci pour ce baiser, je suis encore un homme,

Portant le lourd fardeau, d'une cruelle maladie,

N'ayons pas peur du mot, le sida elle se nomme,

M'entraînant lentement, au seuil du paradis.

Merci pour ta présence, elle m'a chauffée le coeur,

J'en avais grand besoin, surtout sur le billard,

A l'heure où la Camarde, éclate d'un rire moqueur,

Faisant de l'auto-stop, devant mon corbillard.

Merci pour tes caresses, tes câlins, ta tendresse,

Car tu es d'Aphrodite, la directe héritière,

Tu ne pourras me suivre, à ma nouvelle adresse,

Mais tes soupirs viendront, hanter mon cimetière.

Merci chérie, pour ce que tu as supporté,

Mes infidélités, mon fichu caractère,

Vois-tu ce qui m'arrive, je l'ai bien mérité,

J'ai le temps d'y méditer, à six pieds sous terre.

Merci pour avoir lu, tous les remerciements,

D'un singulier pécheur, qui par à la ferraille,

Souris, au lieu de faire une tête d'enterrement,

Tu auras tout le temps, après mes funérailles.

                                                                                CLAUDE